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Tunisiens mais pas heureux…

Tunisiens mais pas heureux…

Tunisiens mais pas heureux…

Le Tunisien a vécu une période assez difficile ces 10 dernières années, entre transition démocratique, crise économique et perturbations politiques. 

Le Tunisien est-il heureux pour autant ? 

Selon le World Happiness Report 2023, une publication du Sustainable Development Solutions Network des Nations Unies réalisée sur une période s’étalant de 2020 à 2022, il ne l’est pas vraiment. La Tunisie occupe en effet la 110e place du classement, sur un total de 137 pays. 

Nous, Tunisiens, pouvons-nous considérer la recherche du bonheur comme une quête accessible ou demeure-t-elle un vœu pieux ?

Cet article a pour principal but d’exposer différents points de vue sociologiques concernant le bonheur, quitte à tenter de saisir la complexité de ce terme. 

La dictature du bonheur : 

Assimiler le bonheur, synonyme de bien-être, de liberté et d’émancipation à une dictature équivalente à la souffrance, l’autorité et à l’oppression semble être audacieux. Pourtant, plusieurs sociologues, dont le métier consiste à étudier les comportements des individus d’un point de vue scientifique, nous prouvent que c’est entièrement possible. Dictature et bonheur peuvent être étroitement liés. 

Le concept de la dictature du bonheur fait référence à l’idée que la société moderne exige des individus d’être heureux à tout prix, de rechercher constamment le plaisir et l’épanouissement personnel quitte à dissimuler nos souffrances et nos difficultés. 

Ne le voyons-nous pas sur les réseaux sociaux ? Paraître le plus heureux possible (sans forcément l’être) semble être une priorité de nos jours. 

Cette pression sociale peut alors être assimilée à une véritable dictature qui impose aux individus une norme stricte de comportement. 

Le bonheur est devenu la seule finalité de la vie et le malheur quant à lui, est une maladie à éradiquer. 

On peut constater ce phénomène en observant le comportement des personnes qui nous entourent.

Dans un premier temps, nous associons par exemple notre bonheur à l’achat d’une maison. Puis, nous rêvons de posséder une voiture, et ensuite d’acquérir d’autres biens immobiliers. Nous nous retrouvons alors pris dans un cycle d’achats incessants, probablement alimenté par une société de consommation à grande échelle. 

Nous sommes souvent aveuglés par la recherche inépuisable du bonheur, qui dans la plupart des cas, est associé à l’accumulation de richesses ou à la réalisation d’objectifs. Cette quête est un marathon sans fin, sans ligne d’arrivée clairement définie.

La vie est-elle un éternel balancement entre joies et peines ?  

Boris Cyrulnik, un neuropsychiatre et psychologue français, qui a souvent critiqué la “dictature du bonheur” dans ses écrits, estime que cette pression d’être heureux en permanence peut mener à une souffrance psychologique supplémentaire pour les individus qui ne parviennent pas à atteindre cet état idéal.

Selon lui, il est primordial de prendre conscience que la vie est une succession de moments heureux et malheureux, de périodes de joie et de tristesse, et qu’il est naturel de ressentir des émotions négatives à certaines occasions.

Rien de nouveau en soi, n’est-ce pas ? Cette idée nous en avons tous conscience, mais avons peut-être tendance à trop l’oublier, à oublier qu’au bout de chaque tunnel sombre se cache une lumière. 

Ce qu’il faut surtout garder à l’esprit, c’est qu’il est absolument nécessaire de développer une résilience psychologique pour faire face aux difficultés. 

Prendre soin de sa santé mentale est indispensable, ne perdons jamais de vue nos priorités.   

Bonheur et argent, sont-ils fortement corrélés ? 

D’après le paradoxe d’Easterlin, la réponse n’est pas évidente et même loin d’être simple.

Il peut sembler évident qu’une augmentation des revenus entraînerait automatiquement une amélioration du bien-être. Mais, les travaux de Richard Easterlin ont justement remis en question cette idée reçue en démontrant que la relation entre le PIB et le bien-être n’est pas si simple. 

Pour étudier la corrélation entre bonheur et richesse, Richard Easterlin a effectué une trentaine d’enquêtes réalisées dans dix-neuf pays.

Il a alors constaté que par exemple, aux États-Unis, sur une période de 30 ans entre 1972 et 2002, malgré l’augmentation du revenu par habitant dans ce pays-là, le niveau moyen de bonheur de la population est resté stable. 

Bien que dans un premier temps l’augmentation des revenus puisse contribuer à accroître le bien-être, Easterlin a démontré que cette relation devient faible, voire inexistante, au-delà d’un certain seuil de richesse.

En d’autres termes, bien que les gens soient plus riches, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils sont plus heureux, comme on le suppose intuitivement. 

Ce paradoxe d’Easterlin peut notamment être expliqué par la relativité des critères de bonheur.

Dans la vie, tout est relatif…
La plupart du temps, les individus évaluent leur bonheur en se comparant à des groupes de référence tels que leurs voisins, leurs cousins, ou en se référant à des normes sociales comme l’âge de mariage socialement accepté.

Par conséquent, même si le bien-être de tous augmente dans les mêmes proportions, l’écart entre les individus est maintenu et la perception de bien-être n’augmente pas.

Même si le revenu d’un individu augmente, il ne sera pas plus heureux tant qu’il ne percevra pas d’amélioration de son statut social ou de sa position par rapport aux autres.

L’économiste Adam Smith lui, notait que l’inégalité et la pauvreté étaient relatives à l’époque et au lieu : ce qui pourrait être considéré comme de la pauvreté dans un pays riche pourrait en revanche être considéré comme de la richesse dans un pays pauvre. Ainsi, plus la richesse s’accroît dans un pays, plus le seuil de pauvreté relatif s’élève. 

Smith a également souligné que la perception des inégalités est importante pour l’appréciation du bonheur. En d’autres termes, même si le niveau absolu de richesse augmente dans un pays, les gens peuvent se sentir malheureux s’ils perçoivent des inégalités importantes.

L’appréciation du bonheur dépend donc de la façon dont les gens perçoivent les inégalités. 

Tout est bien relatif. ” Être heureux, se sentir heureux et s’estimer heureux ne sont probablement pas équivalents “. 

Néanmoins, certaines distinctions doivent absolument être faites ! 

Le bonheur, un état d’esprit ? Oui, peut-être. Par contre, il convient de faire la part des choses. 

Pierre Bourdieu, un sociologue français a souligné l’importance de distinguer entre la “misère de condition” et la “misère de position” lorsqu’on parle de pauvreté.

La misère de condition fait référence à la situation objective de privation matérielle et de manque de ressources économiques, qui peut être mesurée de manière quantifiable. 

Des indices comme le PIB (bien que contesté) et le taux de pauvreté peuvent notamment nous donner une idée sur cette misère de condition. 

Rapport de la Banque mondiale

D’un autre côté, la misère de position se réfère au sentiment de privation et d’infériorité que ressentent les personnes par rapport à leur situation économique et sociale. Elle est liée à la perception subjective de la pauvreté, à la honte, l’humiliation et au sentiment d’être marginalisé. 

Il s’agit donc là du Paradoxe d’Easterlin dont nous avons parlé. 

La pauvreté peut alors être comprise à la fois comme un phénomène objectif et subjectif. Sa mesure et sa compréhension doivent tenir compte de ces deux dimensions.

“La vie est une série de hauts et de bas. Soyez reconnaissant pour les hauts et tenez bon dans les bas. Et surtout, apprenez à faire la différence entre les deux.”

Parce que oui, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille. C’est notamment les moments difficiles qui nous permettent de mieux apprécier “les petits plaisirs de la vie” et de reconnaître la beauté de cette vie aussi frustrante et angoissante qu’elle puisse l’être. 

Et vous, comment définiriez-vous le bonheur ? 

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Kenza Feki

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