fbpx

Qui sont ces jeunes couples qui optent pour la stérilisation ?

Qui sont ces jeunes couples qui optent pour la stérilisation ?

Qui sont ces jeunes couples qui optent pour la stérilisation ?

[Mise à jour du 19.05.2023 : Cet article a été rédigé avant le 15.05.2023, date de publication du nouveau rapport de l’INS qui évalue le taux de chômage du premier trimestre de 2023 à 16,1%, en hausse par rapport aux 15,2% du dernier trimestre de 2022.]

Ces dernières années, il est devenu de plus en plus courant d’entendre des discours d’adultes bien installés dans leur vie et qui refusent pourtant d’avoir des enfants, ni maintenant ni jamais… 

Certains pointent du doigt les conditions actuelles du monde dans lequel nous vivons, d’autres justifient ce choix par le désir de rester libres de toute responsabilité, mais tous s’accordent sur un fait : ils sont prêts à prendre une décision radicale pour parvenir à leurs fins.

Une décision lourde de sens

Si certains se contentent des méthodes classiques telles que la pilule contraceptive ou le stérilet en prévision du « on ne sait jamais », d’autres couples choisissent d’en finir avec la question en passant par des méthodes beaucoup plus radicales telles que la vasectomie ou la ligature des trompes. Ces deux méthodes sont des méthodes de contraception dites permanentes et irréversibles.

Dans le premier cas, la vasectomie est une opération simple réalisée chez l’homme qui consiste à couper et à bloquer les deux canaux déférents qui transportent le sperme contenant les spermatozoïdes, des testicules vers le pénis. 

Dans les faits, bon nombre de couples ayant recours à cette méthode le font également parce que le conjoint juge parfois qu’il n’est pas juste qu’il incombe systématiquement à la femme de supporter seule le poids de la contraception. Le partenaire considère alors cette intervention comme une façon d’ « assumer ses responsabilités » face à la question.

Dans le second cas, la ligature des trompes est une méthode radicale qui concerne les femmes. Elle consiste à rendre les trompes imperméables et empêche ainsi la rencontre entre l’ovule et les spermatozoïdes, ce qui rend donc toute fécondation impossible.

Quoi qu’il en soit, tout individu optant pour la stérilisation volontaire doit être conscient qu’il n’y a pas de retour en arrière possible une fois l’intervention réalisée. Cela dit, il est assez surprenant de constater que de plus en plus de jeunes sautent le pas. 

Des arguments valides…

Les jeunes couples sont de plus en plus nombreux à choisir délibérément de ne pas avoir d’enfants. Ceci n’est pas un refus de la parentalité en soi, mais un choix conscient, souvent motivé par une multitude de facteurs.

À y voir de plus près, est-il vraiment judicieux d’avoir des enfants dans les conditions actuelles que nous connaissons en Tunisie ?

Quand on parle d’enfants et de futur, l’un des premiers aspects qui nous viennent en tête est sans doute l’aspect relatif à l’éducation.

Ce n’est un secret pour personne, la qualité de l’enseignement public en Tunisie n’est plus ce qu’elle était. Ceci a d’ailleurs favorisé l’émergence de systèmes privés vantant les mérites d’une éducation à la française, à l’anglaise ou encore à la canadienne mais là encore, on observe un déclin de la qualité des prestations fournies alors que les prix, eux, ne font qu’augmenter. Arriver jusqu’au lycée n’est pas non plus une mince affaire dans un pays où le décrochage scolaire ne fait qu’augmenter. Il est vrai que la Tunisie n’est pas la seule à être touchée par ce fléau, particulièrement depuis le Covid, mais les chiffres observés ces dernières années sont sans précédent. 67 mille élèves ont ainsi interrompu leur scolarité durant l’année scolaire 2021-2022, 70% d’entre eux se sont ensuite tournés vers l’enseignement privé mais les 30% restants ont définitivement abandonné les bancs de l’école. 

Quant aux étudiants les plus tenaces qui auront tenu jusqu’à la fin de leurs études, ils ne sont pas non plus au bout de leurs peines. En effet, une fois arrivés sur le marché du travail, la dure réalité tunisienne poussent bien (trop) souvent les jeunes diplômés à accepter des emplois largement en dessous de leur qualification, faute d’offres correspondant à leur profil. Pour éviter le chômage qui touche durement notre pays à raison d’un taux de 15,2% selon le dernier rapport de l’Institut national de la statistique (INS) datant de février 2023, certains diplômés se voient parfois dans l’obligation d’accepter des emplois sous-qualifiés. Cela non seulement les empêche d’aspirer à un certain confort de vie, théoriquement garanti par leurs diplômes, mais dissuade également les nouvelles générations de poursuivre des études supérieures.  

Une des rares branches qui parvenait encore à rester debout jusque-là, la médecine, semble elle aussi être en train de faillir. Nous assistons véritablement à un exode massif de médecins (ainsi que d’ingénieurs et d’autres professions), à raison de promotions entières de médecins formés en Tunisie qui quittent chaque année leur patrie dans l’espoir d’un avenir meilleur ailleurs.

Alors que reste-t-il ? 

Certains couples s’interrogent à juste titre et se demandent comment sont-ils supposés élever un enfant et l’aider à croire en ses rêves s’ils ne sont pas en mesure de lui fournir des conditions décentes afin de lui permettre de recevoir une éducation correcte ?

En parallèle de cela, il ne faut pas oublier que le coût de la vie en Tunisie n’est lui aussi plus le même puisqu’il a augmenté de façon significative au cours des dix dernières années, d’après une étude de l’Institut National de la Statistique de Tunisie (2022).

Face à ces difficultés, les couples préfèrent donc parfois investir dans leur propre développement personnel et professionnel.

L’autre argument avancé par ces couples concerne l’impact environnemental de la surpopulation. La Tunisie, comme d’autres pays, fait face à des défis environnementaux importants, tels que le manque d’eau potable et les problèmes de gestion des déchets. 

Dans l’une de nos plus récentes vidéos sur Instagram, Yaluna vous révélait que d’après le ministère de la Santé, un prélèvement d’eau du robinet sur 10 était jugé impropre à la consommation. Certains couples, sensibles à ces problèmes, préfèrent donc ne pas procréer pour limiter leur empreinte écologique.

Enfin, il y a également le désir de liberté et de flexibilité qui anime les partenaires. En effet, il existe des couples qui estiment qu’avoir des enfants pourrait considérablement les freiner dans leurs projets de vie, car ils ne sont plus seuls à gérer leur vie comme bon leur semble, mais ont toute une famille à assumer. Cette nouvelle vie implique aussi de réfléchir à deux fois avant tout changement de vie, de carrière, tout voyage ou toute implication dans une cause sociale ou humanitaire.

Mais pas nécessairement indiscutables

Il va sans dire que les enfants apportent également beaucoup de joie au sein des ménages où ils grandissent. Les premiers sourires, les premiers mots et les premiers pas représentent souvent des moments de bonheur qui restent gravés dans la mémoire des parents. 

Pour beaucoup, les enfants sont une source de satisfaction personnelle puisque les parents sont les premiers accompagnateurs dans la vie. Ils assistent à nos échecs mais surtout à nos plus belles réussites, la fierté transperçant leur regard

Aussi, il existe de nombreuses études réalisées sur le sujet qui ont prouvé que la parentalité pouvait apporter un sens profond à la vie et renforcer les liens familiaux et sociaux. 

D’après une étude réalisée par l’Université de Tunis en 2022, les parents tunisiens remarquent généralement une augmentation de leur estime d’eux-mêmes et de leur confiance en eux après avoir eu des enfants. Il faut dire que l’expérience de la parentalité demande souvent aux parents de faire preuve de beaucoup de flexibilité, d’apprendre à s’armer de patience et de faire preuve de résilience et d’empathie. On dit d’ailleurs que les enfants apportent la sagesse.

Au-delà de la satisfaction personnelle que peut éprouver un parent, il faut savoir qu’avoir un enfant est aussi l’opportunité d’influencer la prochaine génération. En élevant des enfants sensibles aux enjeux de la société et de l’environnement, les parents peuvent contribuer à créer un avenir meilleur. La parentalité n’est donc pas seulement une responsabilité personnelle, mais aussi une responsabilité sociale.

En fin de compte, il est essentiel de souligner que le choix d’avoir des enfants ou non reste une décision très personnelle dans laquelle personne ne devrait interférer. Il revient à chaque couple de prendre en compte ses propres valeurs, ses ressources et ses désirs afin de prendre la décision qui lui convient le mieux. 

Facebook
Twitter
LinkedIn
Imprimer
Picture of Inès Abdelmoula
Inès Abdelmoula

La positivité est Contagieuse, partage la !

S'inscrire à notre Newsletter !

Recevez nos meilleurs articles et publication directement dans votre boîte mail d’une façon mensuelle.