Le harcèlement de rue est une violence omniprésente dans la vie de plusieurs femmes tunisiennes, il est devenu un quotidien. C’est chaque jour que des femmes y sont confrontées soit dans la rue ou dans les moyens de transport en commun (métro, bus, etc.).
Qu’est-ce que le harcèlement de rue et quelles sont ses impacts ?
Le harcèlement de rue regroupe communément tous les comportements visant à interpeller les femmes du fait de leur sexe.
Il englobe des sifflements sous prétexte de drague, des commentaires sur le physique, des injures et des insultes à caractère sexiste, un attouchement ou un rapprochement non consenti et le fait d’être suivie.
La répétition et la fréquence de ces actes à caractère sexuel et au contenu violent peuvent entraîner de réels dommages émotionnels, physiques et psychiques pour certaines femmes et la sensation de l’insécurité dans les endroits publiques.
Un chiffre alarmants et des témoignages choquants !
Dans la vaste campagne contre le harcèlement sexuel dans les transports en commun lancée en 2017 par Transtu (Société des Transports de Tunis) en collaboration avec l’Union Européenne et le Fonds des Nations Unies pour la Population.
«Sur 3000 femmes sondées, plus que la moitié avouent avoir été victimes de violences dans les espaces publiques».
D’après quelques témoignages concernant la cause de ce fléau, pour certains tunisiens, seules les femmes “provocantes” subissent le harcèlement.
«Ce sont les femmes attirantes, qui portent des vêtements attirants, ce sont elles qu’on harcèle», déclare un homme interviewé dans la rue.
Est-ce que l’attirance du corps de la femme est une bonne raison de la harceler ?
Croyances, traditions et culture patriarcale ! Dans notre culture, les hommes pensent trop souvent qu’ils peuvent disposer du corps des femmes attirantes comme ils l’entendent « هي لزت روحها », ce qui n’est pas le cas !
Chaque femme a le droit de choisir et de mettre ce qu’elle veut sans être ni harcelée ni draguée.
Par contre, la bonne raison de ce fléau est le manque de civilisation et de sensibilisation sur le phénomène ainsi que le manque de connaissances des garçons au sujet des droits des filles et à l’éducation sexuelle.
Je suis victime de harcèlement, comment réagir ?
Lorsqu’on est victime de harcèlement, la première chose à faire est de demander de l’aide ou de formuler à voix haute le comportement du harceleur. Généralement, cela fait fuir l’agresseur car son comportement est exposé au regard de tous. Puis, il est important d’aller porter plainte directement contre l’agresseur ou contre X s’il est inconnu. Pour cela, il faut s’adresser à un commissariat de Police ou à une brigade de Gendarmerie.
Que prévoit la loi ?
D’après l’article 226 du code pénal : «Est puni d’un an d’emprisonnement et d’une amende de trois mille dinars celui qui commet le harcèlement sexuel».
Agir peut être déterminant et aider la victime !
Dans la plupart des cas, nous pouvons réagir de manière efficace pour mettre fin à la situation sans nous mettre en danger, ni la personne harcelée, grâce à la méthode des 5D donnée par la formation Stand Up de la Fondation des Femmes.
1° Dialoguer : parler avec la victime, s’assurer qu’elle va bien.
2° Déléguer : faire intervenir une tierce personne qui représente une forme d’autorité et qui sera légitime pour arrêter la situation.
3° Documenter : filmer la scène dans son contexte pour faire office de preuve si besoin.
4° Distraire : intervenir avec la victime en demandant l’heure par exemple, cela veut dire interrompre l’ambiance qui est en train de se créer.
5° Diriger : dire au harceleur que son comportement est déplacé, le sommer d’arrêter.
Mais cette méthode peut être efficace pour aider la victime et l’entourer et non pas pour mettre fin au harcèlement dans la rue !
Comment doit-on lutter réellement contre le harcèlement de rue ?
- Sensibiliser, informer et éduquer : Il est tout d’abord essentiel de commencer par rectifier l’image de la femme dans l’éducation des garçons en leur inculquant qu’il s’agit d’un être humain et non pas d’un objet de désir qui alimente le fantasme masculin.
- Sensibiliser les parents, les responsables gouvernementaux et les communautés aux droits à la participation et à la protection des filles.
- Encourager les filles à faire valoir et à défendre leurs droits de circuler librement, à occuper les espaces publics et à dénoncer les harceleurs en mettant en place des clubs d’activistes.
- Impliquer les garçons dans les activités de sensibilisation notamment grâce au sport.
- Engager les filles, elles-mêmes parties prenantes, pour identifier les problèmes qui les concernent.
- Travailler avec les décideurs locaux pour trouver des solutions durables visant à améliorer les conditions de vie et de liberté des filles en ville et en zone rurale.
Tout en espérant un changement ! un petit changement ! Lutter contre ce fléau, combattre les mentalités rétrogrades et se sentir en sécurité !