L’Alzheimer est une maladie qui touche non seulement les malades eux-mêmes, mais aussi leurs familles qui se retrouvent prisonnières d’une maladie qui consume peu à peu leurs bien-aimés. Elles sont alors dans l’obligation d’affronter une maladie insidieuse avec laquelle il faut apprendre à composer au quotidien.

Une maladie en propagation !

En 2018, 60 mille cas ont été enregistrés d’après Leila Alouane, présidente de l’association Alzheimer Tunisie. Ces 60 mille cas, c’est aussi 60 mille familles touchées. 

L’Alzheimer est non seulement une maladie qui se manifeste par des troubles de la mémoire, mais elle induit aussi une perte des repères spatio temporaux. On voit en effet fréquemment des annonces publiées sur les réseaux sociaux ou des affiches collées aux murs avec des photos de personnes âgées qui se sont perdues. Arrivés à un certain stade, la maladie leur fait en effet perdre tout repère, même les plus familiers d’entre eux tels que les rues d’un quartier autrefois tant chéri.

Les médecins affirment que le cerveau du patient atteint d’Alzheimer rétrécit rapidement. Le malade se dégrade alors progressivement, change physiquement et finit même par oublier qui sont ses proches. Il peut éventuellement devenir incapable de bouger, de manger, de boire ou de parler suite à l’oubli des acquisitions les plus primaires.

Quel est l’intérêt du diagnostic précoce ?

Un diagnostic établi précocement permet de mettre en place un suivi et une prise en charge adaptés. Un diagnostic précoce augmente les chances de ralentir l’évolution de la maladie. Il existe par ailleurs une multitude de signes qui marque le début de l’Alzheimer, on en cite plusieurs :

• Les pertes de mémoire : elles ne sont pas le seul signe de la maladie mais c’est l’un des plus évidents pour l’entourage. Paradoxalement, la personne atteinte oublie dans un premier temps les événements récents tout en préservant les souvenirs anciens.
• Des difficultés pour accomplir les tâches du quotidien : préparer un repas, faire des courses, gérer ses médicaments, conduire sa voiture… Autant de tâches de la vie quotidienne qui deviennent de plus en plus compliquées pour le malade.
• La perte de motivation : la personne commence à perdre toute envie, même pour les activités qui étaient auparavant sources de plaisir.
• Les troubles du langage : le malade commence à avoir des difficultés pour faire des phrases simples et correctes.
• La désorientation dans le temps et dans l’espace : le sens de l’orientation diminue, la personne atteinte d’Alzheimer peut alors se perdre dans des endroits autrefois familiers.
• Les difficultés de raisonnement : la personne rencontre des obstacles et demande de l’aide pour effectuer des formalités administratives ou utiliser le téléphone.
• L’altération du jugement : le malade a du mal à évaluer les situations et porte par exemple des vêtements d’hiver en été.
• Les modifications de l’humeur ou du comportement : les troubles thymiques ou comportementaux prennent généralement la forme d’une tendance dépressive.

La Tunisie fait actuellement face à un manque de centres spécialisés dans la prise en charge de ces patients, et les rares qui existent sont très peu abordables pour un citoyen lambda. 

Des facteurs favorisant le développement de la maladie

Selon différentes études, il existe des facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer.

On compte parmi eux la consommation excessive d’alcool, le manque de sommeil chronique, la prise de certains psychotropes, les traumatismes crâniens, la pollution atmosphérique, le faible niveau d’instruction, l’hypertension artérielle, les problèmes d’audition, le tabagisme, l’obésité, la dépression, le diabète et l’isolement social. Tous ces facteurs peuvent augmenter le risque de développer la maladie. 

Quant aux facteurs héréditaires de la maladie d’Alzheimer, ils sont très rares et représentent moins de 1% des cas, contrairement à ce qu’on aurait tendance à croire.

Toutefois, l’alimentation saine et équilibrée, l’activité physique et mentale ainsi que la lecture sont autant de facteurs qui figurent parmi les facteurs de prévention de cette maladie.

Une maladie à impact collectif

L’Alzheimer a un impact profond, non seulement sur les personnes diagnostiquées, mais également sur leurs proches. La culpabilité, le deuil, la perte, la colère : ce sont les sentiments les plus fréquemment ressentis par la famille. Lorsqu’un parent reçoit un diagnostic d’alzheimer, c’est aux membres de la famille d’assumer des responsabilités différentes et généralement inattendues. Les membres aidants de la famille d’une personne atteinte par la maladie voient toute leur vie basculer brusquement.

Les difficultés à accepter la pression des rôles, le rejet de la maladie, le déni total, le changement qui affecte la vie personnelle et professionnelle… c’est tout un tourment qui perturbe l’ensemble des proches de la personne diagnostiquée. 

Au jour d’aujourd’hui, les espoirs de traitements sont sur le point d’aboutir mais il n’existe pas encore de médicament capable de guérir l’Alzheimer. Seuls certains traitements permettent actuellement de ralentir la progression de cette pathologie. Ainsi, notre seul moteur face à cela est l’amour inconditionnel que l’on porte à notre proche atteint par cette maladie.

Et c’est dans la douleur que l’on s’aperçoit de l’existence d’une force mentale insoupçonnée jusque-là, une force qui pourrait soulever des montagnes, une force qui nous permettra d’endurer le combat jusqu’au bout.

Si vous avez un proche atteint par cette maladie, ce message vous est destiné : vous êtes loin d’être seul(e), ne vous inquiétez pas. Certes, la vie vous a touché au plus profond de vous-même, mais ne lâchez pas. Communiquer avec une personne atteinte d’Alzheimer est important et délicat, n’y renoncez pas à cause des difficultés. Demandez l’aide d’experts, soyez patients, ne vous abandonnez pas en cours de route. Vous aussi, en affrontant une maladie pareille, avez besoin d’aide et d’assistance et c’est tout à fait humain.

À tous ceux qui ont encore la chance d’être entourés par leurs familles et en bonne santé : chérissez toute seconde passée avec vos parents, vos grands-parents et tous vos proches tant qu’ils sont encore aptes à vous reconnaître, capables de vous appeler par votre prénom et fiers de vous voir grandir.

Le destin nous offre des miracles chaque jour, l’un d’entre eux est la présence de nos proches dans nos vies.