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Il y a 178 ans, la Tunisie devenait le premier pays du monde arabo-musulman à abolir l’esclavage

Il y a 178 ans, la Tunisie devenait le premier pays du monde arabo-musulman à abolir l’esclavage

Il y a 178 ans, la Tunisie devenait le premier pays du monde arabo-musulman à abolir l’esclavage

Il y a 178 ans, le 23 janvier 1846, sous le règne d’Ahmed Bey, la Tunisie a gravé son nom dans l’histoire en devenant le premier pays du monde arabo-musulman à abolir officiellement l’esclavage. 

Cette décision a été un acte pionnier qui a ouvert la voie à d’autres mouvements abolitionnistes dans la région.

Quand la Tunisie donnait l’exemple

Dans le sillage de l’abolition de l’esclavage en Tunisie en 1846, d’autres nations de la région ont suivi des voies différentes vers l’émancipation. En Algérie, la décision d’abolir l’esclavage a été décrétée quelques années plus tard en 1848. En Égypte, l’abolition a été proclamée en 1877, bien que des formes de servitude aient persisté dans certaines régions pendant un certain temps après cette déclaration. Alors que la Libye adopte cette mesure en 1890, au Maroc, cette décision a été plus tardive, en 1922 que le Sultan Youssef ben Hassan a officiellement aboli l’esclavage, marquant une évolution plus tardive dans le temps. 

En comparaison avec d’autres nations, la Tunisie a manifesté une avance notable dans l’abolition de l’esclavage. En France, bien que l’esclavage ait été officiellement aboli en 1848, il avait déjà été aboli en 1794 pendant la Révolution française, mais avait été rétabli sous Napoléon Bonaparte en 1802. Aux États-Unis, la Guerre civile a marqué l’émancipation des esclaves en 1863, suivie du 13ème amendement en 1865.

Les douloureuses racines de l’esclavagisme oubliées 

Bien que la Tunisie soit reconnue comme l’un des précurseurs dans l’abolition de l’esclavage, l’histoire de cette nation a été marquée par douleurs persistantes de nombreux siècles d’asservissement. 

Selon Raëd Bader, historien et universitaire, la Tunisie aurait accueilli, entre 1700 et 1880, environ 100 000 esclaves noirs, selon les estimations de la traite transsaharienne. Bien que ces chiffres soient comparativement faibles face aux 400 000 esclaves en Libye, 515 000 au Maroc et 800 000 en Égypte, cela ne minimise en rien les atrocités infligées aux esclaves durant de nombreux siècles.

En fonction de leur couleur et de leurs origines, les esclavagistes appelaient les esclaves noirs, « Abid » ou « Chouchen », les esclaves blancs « Mamluk » ou « Saqlabi », et les esclaves berbères « Akli ». Ils étaient capturés ou achetés majoritairement d’Europe et d’Afrique de l’Ouest, souvent acquis à la suite de conflits locaux entre tribus rivales ou d’opérations d’enlèvement. Privés de tous leurs droits, les hommes étaient affectés à divers travaux tels que les galères, les chiourmes et les travaux publics, tandis que les femmes étaient utilisées comme domestiques ou dans les harems. 

1841 – 1846 : Des idées libérales aux actions concrètes 

« Ahmed Bey était réceptif aux nouvelles idées libérales et aux idéaux humanitaires », note l’historien Abdelhamid Larguèche.

Avant de prendre la décision historique d’abolir définitivement et officiellement l’esclavage en Tunisie, Ahmed Ier Bey s’est entretenu avec Thomas Reade, officier supérieur britannique. 

Lors de cette rencontre qui s’est déroulée le 29 avril 1841, Reade lui a vivement conseillé de mettre fin à ce commerce inhumain. Convaincu de l’impératif moral d’une telle action, en tant que fils d’une esclave et souverain considéré comme progressiste, ouvert au changement et résolu à réprimer toute forme de fanatisme, Ahmed Ier Bey a pris des mesures décisives. 

Le jour même de sa rencontre avec Reade, il a interdit l’exportation des esclaves. 

Procédant par étapes, il a préalablement affranchi les esclaves blancs, puis a fermé le marché aux esclaves de Tunis en août. 

En décembre 1842, il décrète que toute personne née dans le pays serait dorénavant libre.

La décision d’abolir complètement l’esclavage sur l’ensemble du territoire a été officialisée par le décret du 23 janvier 1846. 

Cependant, des résistances subsistent, notamment à Djerba et dans d’autres régions, chez les Bédouins et les paysans qui dépendent d’une main-d’œuvre servile et abordable, comme le mentionne Ibn Abi Dhiaf. Ces oppositions ont ultimement justifié une deuxième abolition, sur décret d’Ali III Bey, le 28 mai 1890. Ce décret imposait des sanctions financières, sous forme d’amendes, et même des sanctions pénales, avec des peines de prison, pour ceux qui persistaient à alimenter le commerce des esclaves ou à maintenir en esclavage leurs serviteurs ou domestiques.

 La Tunisie brise les chaînes de l’esclavage pour un avenir plus juste

Au XIXe siècle, la Tunisie a entrepris plusieurs réformes politiques et sociales dans le cadre de ses efforts de modernisation. L’abolition de l’esclavage a été perçue comme une mesure cruciale dans ce processus, pour évoluer vers une société plus équitable et progressiste. Les valeurs islamiques et arabes ont également contribué à la prise de conscience de l’injustice de l’esclavage en Tunisie. Les principes de justice sociale et d’égalité inhérents à l’islam ont pu exercer une influence déterminante sur la décision d’abolir cette pratique dégradante.

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Leïla Ben Mansour

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