“Harka”, le tout premier long-métrage de Lotfy Nathan inspiré de l’histoire de Mohamed Bouazizi, figure parmi les 15 films sélectionnés au Festival du film arabe d’Oslo qui se déroule du 15 au 19 mars.
Au programme, 87 minutes d’émotions qui dépeignent le tableau poignant d’une jeunesse révoltée qui essaie tant bien que mal de s’en sortir dans une société où injustice et corruption sont les maîtres mots.
Une merveille du cinéma populaire qui fait l’unanimité
Le Festival du film arabe d’Oslo est, depuis sa première édition en 2011, l’occasion de faire découvrir au grand public les pépites cinématographiques de la production arabe. Grâce à une large sélection de films et de documentaires, mais également des débats et des conférences livrées par les plus grands cinéastes du monde arabe, le festival dévoile les merveilles cinématographiques et met en avant les prodiges de la région. Et cette année, la Tunisie est mise à l’honneur à travers “Harka”.
Paru en 2022, ce long métrage sensationnel s’est tout de suite imposé lors des divers festivals cinématographiques dans le monde entier. Il est d’abord présenté en avant-première au Festival de Cannes de 2022, dans la catégorie “Un certain regard”, au terme duquel Adam Bessa, interprète du héros du film Ali, remporte le prix de la meilleure performance.
Cette performance magistrale lui a d’ailleurs valu le prix d’interprétation masculine au Festival international du film Saint-Jean de Luz, le prix du meilleur acteur lors du Festival international du film de la mer Rouge, ainsi que les prix de révélation masculine et de meilleure révélation masculine dans le cadre respectivement du Prix Lumières de la presse internationale 2023 et de Paris Film Critics Association 2023. Une pluie de récompenses pour la star du film mais également pour son producteur Lotfi Nathan qui a reçu le Prix Yusr du meilleur réalisateur au Festival international du film de la mer Rouge mais également le Prix du Meilleur premier film à l’occasion des Prix Lumières de la presse internationale 2023.
Un franc succès pour le tout premier long métrage du réalisateur américain d’origine égyptienne dont la nomination aux Festival du film arabe d’Oslo pourrait lui permettre de remporter l’”Audience Award”.
Bien plus qu’un simple film, le porte-parole de toute une génération
Lotfi Nathan a choisi de nous ramener, pour son premier film, au berceau de la révolution tunisienne de 2011, Sidi Bouzid, pour une immersion bouleversante dans une réalité âpre et funèbre : celle de la Tunisie post-Printemps arabe. Inspiré de l’histoire de Mohamed Bouazizi, figure emblématique dont l’immolation sur la place publique a déclenché les premières braises de la révolution, Harka dénonce les injustices d’une société pervertie par la corruption.
Le film nous montre le monde à travers les yeux d’Ali, un jeune homme qui rêve de quitter le pays clandestinement pour rejoindre l’eldorado européen. Ce rêve, il sera contraint de l’abandonner suite à la mort de son père qui le propulsera alors dans le rôle d’un chef de famille qui doit s’occuper de ses deux sœurs mais aussi de payer les dettes du défunt, au risque que la famille se fasse expulser de la maison.
Ali nous embarque ainsi dans ses péripéties en tant que vendeur d’essence de contrebande en quête de stabilité, d’espoir et d’une vie meilleure pour sa famille. Un récit poignant où Adam Bessa se met à nu pour nous dévoiler les craintes, la colère et la rage de toute une génération qui peine à se faire entendre depuis plus de 10 ans.
“Harka” est l’un de ces films qui vous prennent aux tripes et vous ouvrent les yeux. Un réel chef-d’œuvre haut en couleur et riche en émotions dont vous ne sortirez sans doute pas indemne.