Le samedi 7 octobre a marqué le début d’une guerre sans répit sur les terres palestiniennes. Un déluge d’attaques sanguinaires s’est acharné sur Gaza, marquant depuis le début des attaques un total de 8000 morts. En ces temps désolants, il est d’autant plus important de revendiquer les droits du peuple palestinien marginalisé et d’honorer la mémoire des plus grands militants de cette lutte.
Une figure emblématique de la résistance intellectuelle et sociologique est le fameux Edward Said. Né à Jérusalem le 1ᵉʳ novembre 1935, il fut un fervent défenseur de la liberté en Palestine et a marqué son époque par l’apport décisif de ses essais d’anthropologie culturelle, notamment L’Orientalisme et Culture et impérialisme.
Sa naissance : Rencontre entre l’Orient et l’Occident
Edward Wadie Said, né à Jérusalem le 1ᵉʳ novembre 1935 de parents chrétiens protestants, est entré au monde grâce à l’aide d’une sage-femme juive, dans une Palestine sous mandat britannique. Sa vie s’est déroulée dans un ballet entre Le Caire et Jérusalem, entre la colonisation, le sionisme et la Palestine, au carrefour des grandes religions monothéistes, reflétant la rencontre entre l’Orient et l’Occident. Cette dualité se reflète également dans son identité, incarnant un mélange singulier : un prénom anglais, en hommage au Prince de Galles, offert par sa mère, associé à un nom de famille typiquement arabe. La première langue de Said reste difficile à déterminer, sa mère lui parlant à la fois en anglais et en arabe.
Son ascension à la reconnaissance publique
Said a écrit plusieurs essais sur les relations modernes entre l’islam, le monde arabe et l’Orient, d’une part, et la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis et l’Occident d’autre part. Le premier, Orientalism, retrace les grandes étapes allant de l’expédition de Bonaparte en Égypte à l’émergence de l’hégémonie américaine après 1945. Cette œuvre a propulsé Said sur la scène internationale et a reçu un retentissement immense.
Grâce à Said, le mot « Orientalisme » est devenu un terme générique désignant la manière dont les cultures dominées sont traitées et représentées.
Said et la “question palestinienne”
Orientalisme n’est pas la seule œuvre d’Edward Said qui a décrypté l’histoire des relations orient-occident. Il a aussi écrit l’essai intitulé “The Question of Palestine”.
À partir de 1967 et de la guerre des Six jours, désastreuse pour les Arabes, la Palestine est devenue la principale préoccupation de Said, pour la cause de laquelle il a combattu inlassablement. Dans “The Question of Palestine”, Said décrit l’évolution du conflit entre les habitants majoritairement musulmans de la Palestine et le mouvement sioniste, considéré par lui comme fondamentalement ancré dans l’occidentalisme. L’ouvrage met en lumière ce que la vision occidentale de l’Orient dissimule : la lutte menée par le peuple palestinien pour exercer son droit à l’autodétermination. Said analyse les dynamiques de pouvoir et les représentations culturelles qui sous-tendent le conflit israélo-palestinien, offrant une vision plus nuancée et équilibrée du conflit en révélant la quête des Palestiniens pour leur propre souveraineté et leur droit à l’autodétermination.
Pour Edward Said, la mission de l’intellectuel ne se résume pas simplement à dire « non » ou à critiquer le pouvoir en place. Il s’agit plutôt de dire la vérité au pouvoir tout en proposant des alternatives constructives pour instaurer les changements nécessaires. Selon lui, l’intellectuel, en tant que critique, ne peut se contenter d’une théorie déconnectée de la réalité. Il doit être ancré dans le siècle et le monde concret, loin des confins stériles de la théorie pure. Said a toujours insisté sur le rôle actif que doit jouer l’intellectuel en offrant des perspectives novatrices, des solutions pratiques et des voies alternatives pour générer un changement réel. Des pratiques dont on a urgemment besoin en ces temps brutaux.
